La preuve
J'ai reçu un cadeau inestimable, samedi.
Pendant mon adolescence, un prof a été très important. Je l'ai pris comme figure paternelle pendant plusieurs années. Il était atypique, comme prof de Français, très atypique. Mais il nous a fait découvir beaucoup de choses, et nous a ouvert l'esprit d'une manière très intéressante.
Il était passionnant, il avait un charisme naturel qui faisait que sans élever la voix, on pouvait entendre une mouche voler dans la classe.
C'était un fou de théâtre. Il nous en a fait faire. En première, nous avons même joué dans un vrai théâtre, avec des spectateurs payants. C'était une expérience unique. Il était un metteur en scène hors pair.
Je l'avais revu, j'avais 18 ou 20 ans, je ne me souviens plus bien. Le côté surprenant, c'est qu'en ce moment je travaille sur un chantier qui est à 20m du bistrot où nous étions allés prendre un pot. Il y a plus de 20 ans.
Je n'en avais jamais eu de nouvelles depuis, je n'en avais d'ailleurs pas cherché.
La semaine dernière, pour des raisons professionnelles, je me suis inscrite sur Facebook. Plusieurs surprises m'y attendaient, entre autres une ancienne condisciple de cm2 qui m'a contactée pour une réunion d'anciens dans une semaine.
Donc, nous voilà à samedi. J'ai vu qu'il y avait un groupe dédié à mon ancien lycée, qui est une importante école parisienne. Je parcourais la page, quand j'ai lu un message sur le mur. Il annonçait la mort de ce prof, Pierre.
Je fais plus attention aux dates, c'était récent. Le message parlait aussi de ses obsèques, qui devaient avoir lieu le 5 septembre. Je réfléchis une seconde, histoire de réaliser que c'est le jour même.
Dans le cantal, à 15 heures. J'ai regardé ma montre : il était 15 heures...
J'ai fait la seule chose qu'à mon avis il y avait à faire : une méditation/accompagnement.
Je ne sais pas si c'est lui qui m'a fait un au-revoir, de façon théâtrale comme il aimait tant, ou si ce sont d'autres êtres qui ont jugé utile qu'il soit accompagné.
D'une part ça m'a montré que j'avais été importante dans sa vie, alors que je ne m'en étais pas doutée.
Et d'une manière qui va bien au-delà des relations personnelles, c'est une preuve que la vie ne s'arrête pas à la mort du corps.
Cette preuve, je pense qu'elle ne peut servir qu'à moi, car même si on me sait sincère, quand on n'a pas vécu un fait de cette espèce, on doute toujours de sa véracité, c'est logique.
Avant, je croyais en une vie qui se poursuivait sans le corps, maintenant je sais. C'est totalement différent.
J'ai toujours tendance à me méfier, trop certainement, de mon imagination. Là, impossible de pouvoir penser que c'est dû à mon imagination.
Je ne sais pas ce qui fait que j'ai eu cette chance, cet honneur de recevoir un tel cadeau. Pourquoi moi ? Alors que tant de gens demandent une preuve, ne l'ont pas - ou bien ne la voient pas - et en sont réduits à douter, toujours.
Maintenant je sais. Merci, Pierre.
Pendant mon adolescence, un prof a été très important. Je l'ai pris comme figure paternelle pendant plusieurs années. Il était atypique, comme prof de Français, très atypique. Mais il nous a fait découvir beaucoup de choses, et nous a ouvert l'esprit d'une manière très intéressante.
Il était passionnant, il avait un charisme naturel qui faisait que sans élever la voix, on pouvait entendre une mouche voler dans la classe.
C'était un fou de théâtre. Il nous en a fait faire. En première, nous avons même joué dans un vrai théâtre, avec des spectateurs payants. C'était une expérience unique. Il était un metteur en scène hors pair.
Je l'avais revu, j'avais 18 ou 20 ans, je ne me souviens plus bien. Le côté surprenant, c'est qu'en ce moment je travaille sur un chantier qui est à 20m du bistrot où nous étions allés prendre un pot. Il y a plus de 20 ans.
Je n'en avais jamais eu de nouvelles depuis, je n'en avais d'ailleurs pas cherché.
La semaine dernière, pour des raisons professionnelles, je me suis inscrite sur Facebook. Plusieurs surprises m'y attendaient, entre autres une ancienne condisciple de cm2 qui m'a contactée pour une réunion d'anciens dans une semaine.
Donc, nous voilà à samedi. J'ai vu qu'il y avait un groupe dédié à mon ancien lycée, qui est une importante école parisienne. Je parcourais la page, quand j'ai lu un message sur le mur. Il annonçait la mort de ce prof, Pierre.
Je fais plus attention aux dates, c'était récent. Le message parlait aussi de ses obsèques, qui devaient avoir lieu le 5 septembre. Je réfléchis une seconde, histoire de réaliser que c'est le jour même.
Dans le cantal, à 15 heures. J'ai regardé ma montre : il était 15 heures...
J'ai fait la seule chose qu'à mon avis il y avait à faire : une méditation/accompagnement.
Je ne sais pas si c'est lui qui m'a fait un au-revoir, de façon théâtrale comme il aimait tant, ou si ce sont d'autres êtres qui ont jugé utile qu'il soit accompagné.
D'une part ça m'a montré que j'avais été importante dans sa vie, alors que je ne m'en étais pas doutée.
Et d'une manière qui va bien au-delà des relations personnelles, c'est une preuve que la vie ne s'arrête pas à la mort du corps.
Cette preuve, je pense qu'elle ne peut servir qu'à moi, car même si on me sait sincère, quand on n'a pas vécu un fait de cette espèce, on doute toujours de sa véracité, c'est logique.
Avant, je croyais en une vie qui se poursuivait sans le corps, maintenant je sais. C'est totalement différent.
J'ai toujours tendance à me méfier, trop certainement, de mon imagination. Là, impossible de pouvoir penser que c'est dû à mon imagination.
Je ne sais pas ce qui fait que j'ai eu cette chance, cet honneur de recevoir un tel cadeau. Pourquoi moi ? Alors que tant de gens demandent une preuve, ne l'ont pas - ou bien ne la voient pas - et en sont réduits à douter, toujours.
Maintenant je sais. Merci, Pierre.